Krimi
- Dessin : Alex W. Inker
- Scénario : Thibault Vermot
- Éditeur : SARBACANE
- Label : LABEL
- Date de parution : 2 avril 2025
Dernière mise à jour : 11 avril 2025 14:53
Dernière mise à jour : 11 avril 2025 14:53
Krimi c'est le petit nom que l'on donne au thriller cinématographique de l'expressionisme allemand. C'est donc lors de cette période que se déroule ce polar historique qui va entremêler l'histoire du Vampire de Dusseldorf, les créations artistiques de Fritz Lang et la montée du national socialisme et ses conséquences horribles sur les juifs de France, les communistes, les homosexuels, les gitans, les alliés civils et militaires et j'en passe.
Ce roman graphique épais est, à ce jour, l'ouvrage le plus abouti d'Alex Inker et peut-être même des éditions Sarbacane.
Commençons par l'aspect physique de l'ouvrage qui est luxueux ; dos toilé noir, impression argentée à chaud et couverture mate, maquette aux petits oignons (vraiment vraiment j'y tiens à ce travail de maquette), papier choisi avec parcimonie. 280 pages qui tiennent bien en main et qui sont reliées dans un écrin somptueux.
Suivons avec le scénario; Alex réussit à tenir en haleine son lectorat d'un bout à l'autre du récit, l'entrecoupant de chapitrages en hommage aux films muets de l'époque. D'un découpage absolument maitrisé, très accessible, particulièrement franco-belge classique il exprime par cet art de la mise en page toute l'étendue de son talent acquis à force d'un boulot acharné depuis plus de presque 15 ans. Tout est réfléchi, accompli avec brio et fonctionne à merveille !
Terminons avec son dessin et notamment sa manière de rendre les personnages à l'image d'une Bande Dessinée marcinelloise qui aurait évolué avec son temps, soutenu par une mise en niveau de noir d'une profondeur absolue grâce à sa technique au fusain, parfois gommé et réhaussé de blanco pour donner de la lumière. Il réalise un album où chaque case, chaque succession de cases, chaque page est une splendeur.
Qui plus est, Alex nous prouve également sa capacité à narrer des petites saynètes en ombres chinoises parfaitement lisibles et venant rythmer à leur tour la lecture.
En un mot comme en cent, ce roman graphique est sans doute l'un des plus beaux que vous puissiez avoir entre vos mains depuis le début de l'année !
Publié le 11 avr. 2025
L’Histoire est tissée d’affabulations sans lesquelles ses rebondissements demeureraient tristement prosaïques. La séquence que livrent Inker et Vermot n’échappe pas à la règle, c’est sans doute cela qui la rend essentielle. Elle concerne en premier chef Fritz Lang, un cinéaste qui n’a cessé tout au long de sa vie de brouiller les pistes, participant ainsi à l’écriture de sa propre mythologie. Elle s’empare d’un quidam, un simple inspecteur de police nommé Lohmann, qui endossera dans Krimi le rôle de pivot, de pourvoyeur de création. Ces deux-là réunis, se tenant l’un l’autre par un chantage tacite, la voie vers la réalisation d’un chef-d’œuvre du cinéma tel que M le maudit est toute tracée.
Krimi réussit un curieux mélange entre tragi-comédie policière et fiction documentaire. Le récit, drôlement échafaudé dans cette balance où les crimes du « vampire de Düsseldorf » se déclinent en ombres chinoises et les atermoiements de Lang, tributaires des excentricités de Lohmann, prennent un contour autant personnel que professionnel, reste toujours alerte, d’un équilibre imperturbable malgré la richesse des champs narratifs et des thèmes abordés. Une certaine histoire du cinéma rejoint celle, universelle, de la criminalité alors que dans le creux des pages se défait la République de Weimar et point l’ombre des svastikas.
Alex Inker s’est appuyé sur ce texte en tout point remarquable du romancier Thibault Vermot pour signer une bande dessinée habitée. Sa ligne claire et précise se revêt ici des habits du cinéma d’avant-guerre, d’un noir soumis à l’éclairage des studios de Babelsberg – ou d’un hangar de Staaken – et de textures charbonneuses sur lesquelles le blanc parvient à poser une touche d’espoir. « Krimi » veut dire « polar » et ce polar-là est sensationnel !
Publié le 10 avr. 2025
Dans le Berlin interlope de la fin des années 20, l’inspecteur Lohmann aborde le réalisateur Fritz Lang pour qu’il jette un œil sur le dossier du “vampire de Düsseldorf”, affaire non résolue, alors, d’un tueur en série de l’époque qui hante les rues de la ville allemande. Cette sordide affaire inspirera le cinéaste pour son chef d'œuvre M le Maudit.
Fritz Lang et l’inspecteur se connaissent, ce dernier a plus ou moins enterré l’enquête sur la mort suspecte de la première femme du réalisateur quelque années auparavant.
Le découpage très cinématographique et le fabuleux graphisme d’Alex W.Inker, sont parfaitement adaptés à cette mise en abymes, entre film noir, processus de création et culpabilité.
Incroyablement bien documentés, les deux auteurs nous plongent dans l’Allemagne de l’entre deux guerres, une Allemagne fascinée par la traque d’un psychopathe, alors que cette dernière laisse prendre en main son destin par d’autres criminels.
Publié le 10 avr. 2025
Subtil hasard que deux hommes se rencontrant dans les rues froides d'un Berlin d'entre deux guerres, on y trouve un inspecteur, l'autre est cinéaste. Fritz Lang n'avait pas revu l'agent Lohmann depuis cinq ans, lorsqu'on avait trouvé dans une baignoire remplie de sang le corps sans vie de sa première femme, la pensée d'un homicide n'ayant jamais été écarté. Le réalisateur ne pouvant se dérober accepte de prendre un verre avec le donneur d'ordre. En cours de la discussion, le fumeur de cigare se veut critique du 7e art, effleurant l'idée que Fritz Lang ne se conforte qu'avec des films peux inspirer. Lohman propose alors un pacte Faustien: venir avec lui sur les scènes de crimes pour accoucher des maux de l'homme en illustrant sur pellicules...
Alex W. Inker, dans un magnifique noir et blanc charbonneux, revisite, en la compagnie du romancier Thibault Vermot, la genèse du film "M le maudit". Ici, le faux devient vrai, à l'instar d'un Chabouté revisitant les tueries de Landru. Autoréférencé, les auteurs convoquent le commissaire emblématique des films de Lang pour mieux troubler le cinéphile pointilleux. Pour les autres, pas de problème, la bande dessinée est assez généreuse pour ne pas mettre de côté le lecteur. Au pire, celle-ci éveillera la curiosité du néophyte a aller découvrir le génial "M le maudit".
Car Inker et Vermot sont un peu là pour ça : ne pas faire oublier le génie visionnaire de Fritz Lang.
Publié le 5 avr. 2025
Fin des années 20, un policier propose au légendaire réalisateur allemand Fritz Lang un sujet de film. L’aiguillant sur la piste du fameux vampire de Düsseldorf, il s’agit néanmoins de prendre le sujet au sérieux et de visiter les scènes de crime et autres interrogatoires…
À la fois documentaire, témoin de la funeste ambiance politique d’alors et plaidoyer contre la peine de mort, « M le maudit » sera son chef-d’œuvre.
Un ouvrage noir anthracite qui nous plonge dans un Berlin au bord du gouffre en extrapolant sur une base documentaire solide la genèse du film. Graphiquement, Inker y est au sommet !
Publié le 4 avr. 2025