L’action de L’Orfèvre se déroule à Paris. Le climat social est explosif entre manifestations et émeutes. À l’instar de Blacksad ou Maüs, les personnages sont des animaux anthropomorphes. Le récit ayant deux portes d’entrée, le livre n’a donc pas une mais deux couvertures ! Peu importe le chemin que vous prenez, vous serez plongés au ceur de l’enquête.

Entrée pile - L’inspecteur Hippolyte Cisife arrive sur la scène d’un crime. Alors que les forces de l’ordre sont débordées, une série de meurtres abominables se produit. Sur place, à côté du cadavre, on retrouve la pièce d’identité de l’épouse d’un riche homme d’affaires : Faustinien Gaston. Ce dernier évoque des relations entre sa femme et un groupe activiste…

Entrée face - Au fond d’une grotte, perdue, Justine cherche de la lumière. Après de multiples errements, elle s’extirpe du piège dans lequel elle était coincée jusque-là. À peine sortie, elle tombe sur un policier, un inspecteur qui cherche son partenaire. Quelques phrases échangées et déjà, ils fuient le climat hostile des ruelles alentours…

Attention, chef d’oeuvre !

Réalisé au stylo bic pendant plus de 10 ans par un artiste lillois, "L’orfèvre" est un roman graphique non seulement de toute beauté, mais au procédé narratif révolutionnaire: Il faut lire en effet le haut des pages jusqu’à la fin puis retourner l’ouvrage pour lire la suite, situé dans la partie inférieure, en miroir.

Des séquences en miroir d’ailleurs s’appellent et résonnent l’une avec l’autre.

Même si l'objet intrigue, on aurait facilement pu passer à côté, noyé dans les riches sorties de la semaine. Mais heureusement la curiosité l'a emportée, et quelle joie ! Si au début on ne sait pas par quel bout le prendre, on se rend vite compte que la lecture peut se faire dans n'importe quelle sens, ce qui en rajoute à la prouesse de la construction. Cette originalité a aussi pour conséquence de nous plonger directement au coeur de l'action et de nous emporter à toute vitesse dans un page-turner hallucinant de maîtrise. Une lecture pas si évidente à décrire, car la réduire à un polar serait un outrage tant au fond qu'au dessin, extrêment riche. Plongez dedans, laissez vous embarquer, lisez, relisez-le, dans tous les sens, vous le ne regretterez pas !

Paris est plongée dans le chaos suite à une révolte massive des habitants qui mettent la ville à feu et à sang. Au milieu de cette anarchie, nous suivons l’enquête d’un policier qui va profiter du désordre ambiant pour essayer de résoudre un sombre mystère. Je ne vous en dirai pas plus. La force de cette bande dessinée est de vous prendre par surprise et ce par bien des moyens. Si le postulat de base d’une intrigue policière dans un monde peuplé d’animaux anthropomorphiques ressemble en tout point à Blacksad, ici le récit est totalement inédit de part sa mise en page et sa manière de le lire. De plus, un graphisme riche tout en noir et blanc accompagne parfaitement le récit et la fabrication du livre est une grande réussite : il est magnifique. Croyez-moi, vous pouvez y aller les yeux fermés, vous ne regretterez pas cette incroyable lecture.