Mafalda fait partie de ces classiques, certes moins connus que nos Astérix et autres Tintin. Mais elle a bien sa place au Panthéon des grandes figures du 9ème Art.
Ne vous fiez pas qu’au seul titre. Bien sûr, dès la couverture, on sent bien que c’est un album plein de tendresse, mais pas que. En effet, Mafalda fait partie de ces œuvres au double niveau de lecture. Les plus jeunes y verront une petite fille à fort caractère, un peu chipie et qui s’amuse avec sa bande copain, Felipe, Susanita ou Manolito pour ne citer qu’eux. Quino, son auteur, propose une aventure, un gag ou une réflexion en quelques cases, à la manière des comics strip Américains.
Mais Mafalda n’est pas américaine, elle est argentine. Et surtout Mafalda est une petite fille de 60 ans ! C’est là que les adultes toucheront à ce deuxième niveau de lecture. Mafalda n’a pas pris une ride et quasi chaque strip est une critique acerbe et chirurgicale du monde d’aujourd’hui : toxicité de certaines relations sociales, exploitation décomplexée des ressources naturelles, critique du monde politique, de l’armée, du capitalisme débridé etc. On se rend vite compte du talent de visionnaire et de cette faculté de sentir la société qu’avait Quino. C’est bien simple, on a l’impression que la BD a été écrite hier.
Et pourtant, l’adulte que je suis se sent bien après avoir refermé l’album. Mafalda reste une enfant consciente du monde dans lequel elle vit mais qui semble être remplie d’un naïf et contagieux espoir.
Le dessin de Quino, spontané et noir et blanc, participe grandement à cette impression.
Au même titre que Calvin et Hobbes, Mafalda fait partie pour moi de ses BD « doudou » indispensables et intemporelles.