Un Auteur de BD en Trop
- Série : Un Auteur de BD en Trop
- Dessin : Daniel Blancou
- Scénario : Daniel Blancou
- Éditeur : SARBACANE
- Label : LABEL
- Date de parution : 8 janvier 2020
Dernière mise à jour : 3 avril 2025 17:04
Dernière mise à jour : 3 avril 2025 17:04
On suit dans l’album Daniel, dont le contrat en cours de validation se retrouve annulé, dont les cours en temps que vacataire le blasent, dont les factures s’accumulent et le pousse à accepter des contrats ou des piges d’illustration à des conditions dont il n’a pas le courage de refuser les conditions. Daniel s’embourbe, il le sait et voit tellement de collègues réussir autour de lui…
Tout va changer quand il croise sa pharmacienne à Bubulles en fête, dont le fils a griffonné un bout de début de bd qu’elle soumet au pro qu’est Daniel.
Révélation.
Le gamin arrive à créer quelque chose de neuf, de mélanger tous les genres pour en créer un nouveau, mais dont il se fiche éperdument.
Daniel va-t-il sauter sur l’occasion de devenir célèbre en s’octroyant la pérennité du travail ?
Tout d’abord, saluons le travail de façonnage des éditions Sarbacane. L’objet attire l’œil et la main. Dos toilé rouge, papier mat et épais, reliure solide, trames colorées imprimées avec méticulosité. De la bien belle ouvrage, qui rappelle la classe naturelle qu’a un livre sur étagère.
Tout simplement.
Ensuite l’aspect formel de l’album est somptueux : il sait reprendre la quintessence du medium, quelque chose de limpide, élégant, sophistiqué de par sa simplicité : on est témoin d’un grand écart parfait entre BD contemporaine audacieuse et exemplaire sorti de l’imprimerie d’un Zig et Puce. Rappelons cette bonne vieille ambivalence de tradition et modernité, qui dans le cas présent, marche plein pot.
L’aspect substantiel du titre est lui aussi ambivalent. Contemporain pour sûr, car on est tricard, en étant auteur de BD, lorsqu’on ne jouit pas d’une grande notoriété. On en est réduit à certaines extrémité. Plus généralement, on peut parfois jeter un œil en arrière et se demander ou en est sa carrière.
Le classicisme est aussi de mise : en l’occurrence l’usurpation en silence, la déontologie autour de ça, comment sauvegarder sa conscience ? Le symbole du génie qui s’ignore, repris par un pair plus grand public est aussi là, et parfaitement exploité. Non pas que ce soit dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes (pas totalement) mais s’approprier quelque chose qui ne nous appartient pas, surtout dans l’art, est une question fondamentale, qui fait long feu (et c’est passionnant).
Bref, un titre d’une grande classe (forme et fond), qui ose être acide avec subtilité et nuance à propos d’un milieu doté de son hypocrisie propre, et qui en ce début d’année amène beaucoup d’audace sur nos tables de nouveautés. Du très bon !
Publié le 3 avr. 2025