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Avis des libraires Canal BD

Tous les avis des libraires Canal BD

Florent, libraire chez LE COMPTOIR DE LA BD Boulogne

Tam et Dennis, deux adolescents Berlinois d’origine vietnamienne trouvent un doigt coupé dans un sac abandonné dans une friche. Débute alors un récit collégial avec un ado qui rêve de devenir agent secret, une vieille actrice alcoolique, un groupe de patineuses, un trafiquant d’êtres humains et beaucoup de trash métal…

Ce superbe roman graphique est une petite pépite venue d’outre Rhin. Il alterne des scènes quotidiennes tendres et loufoques avec de pures moments de thriller. A la fois miroir d’une jeunesse désabusée et témoignage glaçant de la traite des immigrés, « le nirvâna est ici » est un des récits les plus fort de cette rentrée.

Publié le 24 jan. 2025

Le Nirvana est ici. Neuf fois sur dix.

Léa, libraire chez LIBRAIRIX Bourges

Au cœur de l'été berlinois, deux adolescents font une découverte macabre. Tout semble mener à cette fille du parking, alors retenue prisonnière d'un van sombre et désormais en fuite. Un brin intrépide mais le cœur pur, Tam décide d'aider Hoa Binh, sans se douter qu'elle vient de s'engager dans une course-poursuite qui pourrait bien lui être fatale. 

Le Nirvana est ici récit initiatique aux airs de thriller, ou peut-être est-ce l'inverse. Tout y est maîtrisé. Le rythme narratif, assez fou, oscille entre moment de répit bienvenu, instant paisible que l'on souhaiterait voir durer toujours, et course-poursuite angoissante où l'on ne sait si nos héros parviendront cette fois-ci à échapper à leur poursuivant. Le dessin, dynamique, expressif, donne à voir des personnages forts et incarnés. 

Lecture incroyable ! Pour le coup, le nirvana est bien ici, entre nos mains.

Publié le 18 jan. 2025

L'Architecture

Fred, libraire chez ESPRIT BD

Le paradoxe est singulier : voici un livre qui rappelle d’autres œuvres, d’autres auteurs, et qui pourtant n’a pas son pareil. Quand bien même on savait Mikael Ross un créateur important, il nous fixe un rendez-vous auquel on ne s’attendait pas. Son style emprunte ici autant à la grâce de Blutch qu’au dynamisme de Blain, mais c’est pourtant du Ross qui se déploie le long de 340 pages tellement saisissantes dans ce format proche du manga qu’elles renvoient au Akira d’Otomo ou à l’Autoroute du soleil de Baru.

Ross construit son huis clos berlinois autour des thèmes de l’adolescence, de ses premiers émois, de l’omniprésence des mafias dans les grandes villes, de l’immigration et de l’esclavage moderne, réunis en un socle commun, l’architecture. La structure urbaine est partie prenante de tous les aléas narratifs, elle s’immisce dans les détails les plus scabreux des confrontations, elle est utilisée comme ressort autant que décor. Les uns et les autres se cherchent et se perdent à travers les dédales d’une cité qui devient, au fur et à mesure que la tension monte, le personnage principal d’un récit humaniste déguisé en thriller.

Tout est parfait ou presque dans Le Nirvana est ici : le scénario d’une extrême précision, la diversité des rôles reliés à des dialogues percutants, le rythme de narration en constant équilibre au gré de périodes de calme ou d’intensité sourde, le liant d’un dessin habité. Tout ou presque : on regrette seulement que la poésie du titre original n’ait été conservée : Le Ciel à l’envers.

Publié le 9 jan. 2025