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Coup de Coeur de Bertrand

Bertrand, libraire chez TRIBULLES

Manuele Fior est un auteur à la carrière hétéroclite, tant dans les sujets qu’il aborde que dans les choix graphiques faits pour narrer une histoire. On avait été subjugué par Celestia, on était dithyrambique sur sa beauté, partagé sur l’interprétation de sa fin, mais en tout cas conquis.
C’est à nouveau le cas avec Hypericon, beaucoup plus concret (moins onirique) mais tout aussi maitrisé, et plaisant à lire.
Il y a en parallèle au fil de l’album un récit durant les années 20 en Egypte, et une histoire d’amour naissante dans le Berlin des années 90.
Toujours, il faut mentionner cette virtuosité qu’a Fior de retranscrire la lumière par le biais d’une palette de couleurs toujours savante et plaisante. D’autre part, les personnages de ses récits ont toujours des faciès parfois exagérés mais toujours reconnaissables entre mille, représentatifs d’une grande variété, et dans le cas d’Hypericon un tantinet sexy, même si certains profils peuvent frapper de prime abord.
C’est cette magie là qu’on salue dans le travail de l’artiste : un sens consommé de la narration qui assemble des éléments à priori hétéroclites, sans aucune friction, en toute simplicité.
Et pourquoi raconter deux récits apparemment si éloignés en parallèle ? C’est justement en lisant l’album que vous comprendrez ce qui les relie, dans une manière très poétique, romantique.
 
Très très bel album, une pépite !

Publié le 6 mars 2025

Hyper icône

Fred, libraire chez ESPRIT BD

Le travail d’un artiste représente bien souvent la somme transgressive de ses obsessions. Celles de Manuele Fior impliquent le temps (celui passé, celui à venir), le couple (sa logique et ses désordres), le voyage (les éloignements qu’il a lui-même vécus), l’architecture (formatrice de son identité graphique). Le travail d’un artiste s’articule en variations de thèmes récurrents autour desquels il forge son style et sa personnalité.

Au-delà de cette évidence, Fior étonne et séduit à chaque livre. Sa virtuosité, l’élégance, la grâce de ses compositions et des postures de ses modèles sont soumises à des contraintes de formes et de formats, à des jeux de noir et de couleurs, à la sagesse ou la déstructuration des cadres. Son langage imprévisible bouscule à chaque fois les certitudes qu’on pourrait lui prêter. C’est au cœur qu’il nous vise.

Hypericon est comme ces films de la nouvelle vague qui prennent le temps de comprendre des personnages qui se caractérisent autant par leur audace que par les failles qui les trahissent. C’est autant une histoire de ville (Berlin), d’amour et d’angoisse, qu’un suspense archéologique autour de la découverte du tombeau de Toutânkhamon. 

Fior pouvait-il après Celestia écrire et dessiner un livre aussi dramatiquement beau ? 

Oui.

Publié le 26 nov. 2024