On adore le travail de Timothé Le Boucher, qui pour ceux qui ont un train de retard, s’est fait connaître du grand public avec « Ces Jours qui Disparaissent », véritable raz-de-marée qui a révélé son talent.
De plus, on salue cette capacité à Timothé à toujours utiliser le doute intérieur, les questionnements sur soi, comme matière au développement de thrillers plus ou moins versés dans le fantastique, haletants et élégamment menés, avec des relations entre personnages parfois simples, parfois très compliquées, résultats d’un jeu de séduction parfois borderline mais où malgré tout l’amour peut surgir.
 
47 Cordes est dans la lignée de ce corpus de thèmes, mais de par son traitement, sa pagination, on sent clairement que Timothé a frôlé la tendinite pour créer les pages d’un récit ample, en demi-teinte et d’une très grande subtilité.
Ce qui frappe lorsqu’on prend le titre en main, c’est justement cette pagination, 384 pages d’encrage ciselé, et des pages intermédiaires de chapitres à la composition digne d’une couverture, dotées de ce petit feeling rappelant le manga en général, inspiration plus ou moins limpide dans la bibliographie de l’auteur. D’autant plus qu’il s’agit d’une première partie, et qu’au minimum on aura droit au double pour le fin mot de l’histoire.
D’autre part, on parle d’amplitude narrative, mais il s’agit aussi d’une amplitude thématique, parce qu’il y a toujours une galerie de personnages haute en couleurs, et surtout, là où les précédents titres de Timothé mettaient en scène ce jeu de séduction, il y a ici notoirement des scènes de sexe, sujet un peu éludé auparavant qui est clairement et très justement traité ici, n’hésitant pas à pousser un peu loin le curseur vis-à-vis de certains fétiches qui peuvent sembler un peu étrange, mais qui savent juste titiller notre curiosité et nous pousser à lire chaque fois un peu plus loin.
Bref, on attendait ce titre avec impatience, qui s’est trouvée pleinement satisfaite avec cette première partie de toute beauté, témoignage d’une vraie vision d’auteur en pleine possession de ses moyens, doté d’une vraie élégance, de créativité, de sincérité et de sens du suspens.
D’là bombe de balle quoi !