Comment le texte des Illuminations, recueil de poésies en prose considéré comme le testament littéraire de Rimbaud, a-t-il été conçu, comment Germain Nouveau a-t-il accompagné sa gestation et Verlaine sa diffusion, tel est l'enjeu de ce livre unique en son genre que Laurent-Frédéric Bollée et Jean Dytar ont façonné en s'approchant au plus près d'une dialectique poétique.

Avec Dytar, il y a toujours un procédé narratif et graphique qui soutient son sujet de manière à contextualiser la structure du récit et faire épouser forme et fond dans une parfaite harmonie. Le dispositif des Illuminés s'applique à établir une correspondance en un temps précis entre les trois protagonistes selon un principe de versification dont les codes de croisement se répondent et se complètent, tout en réduisant la distance qui peut séparer les uns des autres.

En respectant de bout en bout - si ce n'est l'épilogue - ce langage qui intègre une méthode on ne peut plus originale de contraindre le medium bande dessinée, les auteurs parviennent à une fluidité narrative époustouflante. On referme le livre et le rythme nous habite encore, ce tempo de scansion construit autour de motifs essentiels et dont l'objet n'était autre que de cristalliser l'émotion.