Il est des livres inattendus qui, peut-être du fait de leur épaisseur, d’un nom inconnu au-dessus de leur titre ou d’un dessin de couverture ouvert vers des perspectives infinies, d’emblée vous séduisent. C’est le cas de la première bande dessinée de Valentine Cuny-Le Callet, dont la lecture vient confirmer la bonne impression.

Les qualités graphiques qui s’expriment dans des registres différents et complémentaires tout le long de cette belle pierre ne sont pas déployées gratuitement, mais à l’appui d’un sujet majeur qu’elles prennent à bras le corps dans une alternance entre deux dimensions narrative et allégorique. Valentine, membre de l’ONG Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, raconte les étapes de sa relation avec Renaldo McGirth, jeune condamné à mort Américain, et la façon dont l’administration pénitentiaire l’a encadrée. Elle se fait aussi la voix de Renaldo en restituant ses lettres et ses dessins sauvés de la censure. 

La question à laquelle répond le livre pourrait être : comment un échange favorisé par un élan humaniste est-il capable d’atteindre une dimension artistique de haut vol ? Mme Cuny-Le Callet pour un coup d’essai réussit un tour de force.

Un roman graphique poignant, superbement illustré en noir et blanc, qui dépeint avec réalisme la vérité carcérale et judiciaire des Etats-Unis. Un livre à avoir lu, indéniablement