Fleur de Lait
- Série : Fleur de Lait
- Dessin : Miguel Vila
- Scénario : Miguel Vila
- Traduction : Laurent Lombard
- Éditeur : PRESQUE LUNE
- Collection : LUNE FROIDE
- Label : LABEL
- Date de parution : 17 mars 2023
Dernière mise à jour : 27 février 2025 11:28
Dernière mise à jour : 27 février 2025 11:28
Fleur de Lait est un titre dot le quatrième de couverture arbore un petit mot de Manuel Fior, signalant que Miguel Vila est un artiste à surveiller de près. Je dois avouer qu’au vu de l’intensité du récit raconté ici, ce genre de réclame par intermédiaire (habituellement méfié) est justifié.
Parmi les cadres narratifs les plus vieux du monde, il y a certes celui du triangle amoureux : Je t’aime, moi non plus, ouin ouin, oui non, etc. Parmi les thématiques les plus contemporaines, explorer les troubles mentaux les addictions la précarité, et le poids des choses que l’on préfère passer sous silence, on a déjà vu / lu.
Simplement « Fleur de Lait » est une bonne tarte dans la gueule, car d’une part il est très cru et présente certains détails de manière hyperréaliste alors qu’il nimbe d’autres choses d’un flou subtil, et d’autre part il met magnifiquement en image cette synergie étrange entre la fascination et la répulsion. La première est induite par la manière qu’a le jeune protagoniste masculin de l’album de tomber amoureux, dépendant pourrait-on dire de la femme dont il garde l’enfant en bas âge. La seconde est exprimée par le dessin de Miguel Vila qui n’hésite pas à utiliser le dessin le plus minutieux possible pour montrer la laideur de cette femme.
La dissonance à la lecture est donc très forte, provoque ce malaise très puissant et difficile à instiller à la lecture d’un album, et participe à garder un souvenir tenace.
Certes, les instantanés façon Polaroids mis côte à côte au fil des pages, ou les très gros plans participent à ce dégoût lancinant, mais pour autant ressort aussi à travers ces deux choix de narration l’idée que c’est leur milieu, la pression qu’ils ressentent et tous les non-dits accumulés qui font des personnages ce qu’ils sont, et qu’on ne peut pas forcément pleinement leur en vouloir. Et c’est cette grande subtilité du propos parfaitement mis en image qui fait de « Fleur de Lait » une putain de montage russe du 9ème art.
Publié le 27 fév. 2025