Ça commence par le grand-père de la narratrice ayant connu le nazisme et la guerre, qui dit « plus jamais ça ! », et ça finit par un de ses fils arrêtant ses études, qui dit « je rentre dans l’armée ». Entre-temps, le récit autobiographique aura suivi une courbe émotionnelle ascensionnelle au fur et à mesure qu’au long de son fil, la situation conjugale de la narratrice se sera aggravée. Carole Lobel réussit le tour de force de ne jamais se laisser distraire par quelque digression que ce soit – et dont pourtant on apprécie l’utilisation par ailleurs. Elle déroule, sans s’écarter d’un millimètre de la trajectoire, les événements qui, enchaînés les uns aux autres, l’ont amenée à une situation intolérable. Un à un, les éléments du chapelet de la furie ordinaire s’égrènent, s’empilent comme des poids écrasant de plus en plus une Jeanne – la narratrice – victime de son éducation traditionaliste et de sa réussite professionnelle en comparaison à l’échec de son conjoint. Carole Lobel raconte d’une façon magistrale la manière dont une emprise tisse sa toile et fait son nid. En filigrane du récit intime d’une agression permanente, il est aussi question de la radicalisation des opinions, de l’influence des réseaux et des algorithmes dans la construction d’une conviction inébranlable. Avec une grande simplicité de forme et de ton, en réduisant le prisme à l’essentiel, Lobel parvient à capter toute notre attention, nous émouvoir et faire de son témoignage un livre important.

Carole entre aux Beaux Arts et y rencontre Stéphane. Cette relation se transforme en cauchemar quand ce dernier devient perméable à des discours d'extrême droite et change radicalement de comportement. Carole met en avant la force et le courage de cette femme face à la manipulation, l'isolement et la brutalité qu'elle subit. Un superbe récit !

Dans ce récit autobiographique, Carole se souvient... Un grand-père narrant ses souvenirs de soldat lors de la seconde guerre. Une famille pieuse avec l'envie, lors de l'adolescence, de s'éloigner des croyances parentales. Les études aux beaux-arts de Nantes qui la libère de son introversion. Stéphane qui l'a charme, l'antithèse de tout ce qu'il fait son mal-être. Et puis petit à petit, l'emprise que l'homme aura à son tour sur elle... Dès le début, il est indiqué que cette œuvre est fictionnelle mais difficile à la lecture de le croire. Le dessin naïf tranche totalement avec la sobriété du récit. Glacial et factuel, le livre vire à l'horreur, la pire, de celle qui existe. Bref, la meilleure bande dessinée que l'association (éditeur de Persépolis) ait publié depuis un certains moment, il y déniche pour sa première bande dessinée une autrice qui risque de devenir majeure : Carole Lobel.

A son arrivée en études supérieures, Carole rencontre Stéphane, charmant, drôle, intelligent… A priori l’homme de ses rêves. En froid avec sa famille et peu entourée, tout son monde va se construire, peu à peu, autour de cette relation mais quelque chose cloche, les petites réflexions de Stéphane, son “manque de délicatesse” au lit et son incapacité à se remettre en question commencent à prendre de plus en plus de place et bientôt Carole se retrouve prise au piège. Au-delà de l’autobiographie, cette bd est une parfaite démonstration des systèmes de perpétuation de la violence, de l’isolement à l'endoctrinement, comment se transmettent le sexisme, le racisme dans ses formes les plus radicales. Un récit brutal, terrifiant mais tellement nécessaire.