Cette Tempête ressemble davantage à une œuvre de Schubert qu’à une sonate de Beethoven, certainement du fait d’un huis clos étouffant qui évoque par ses couleurs et sa tension celui de La Jeune fille et la mort. Bien que le contexte du livre de Marino Neri n’ait rien à voir avec la répression politique du Chili de Pinochet, l’atmosphère graphique et narrative qui s’en dégage touche à l’angoisse traumatique qui habite le jeu de Sigourney Weaver dans le film. 

Trois éléments abondent dans ce sens : une mise en scène stricte, épurée, assez peu bavarde, résultant d’une volonté de l’auteur de réduire formellement son histoire à l’essentiel ; l’essentiel tient dans le respect des trois unités du théâtre classique que Neri fait siennes dans la construction d’une intrigue qui se moque du passé des personnages, entretenant tout au long du récit le mystère ; le mystère, le sentiment d’oppression, le suspense même, s’inscrivent dans le traitement en bichromie de l’image, tantôt ôcre, tantôt bleue, comme les éclats de lumière qui parfois viennent briser la pénombre de l’appartement côtier de La Jeune fille et la mort.