Un nouveau Clowes fait toujours l’événement. Quelque soit le registre dans lequel l’auteur natif de Chicago opère, science-fiction, fantastique, humour, chronique sociale, il faut s’attendre à être bousculé. Sans doute du fait d’une clairvoyance des mécanismes psychologiques passée à la loupe d’un satané cynisme. Clowes dérange et Monica n’échappe pas à la règle.
Récit choral diront les journalistes spécialisés, ce livre propose au gré des neuf chapitres qui composent autant de nouvelles un portrait en creux de l’Amérique moderne, de l’enlisement du Vietnam à notre ère individualiste, en passant par la prétendue libération sexuelle des année 70 et les années fric. Neuf chapitres, plusieurs narrateurs, mais reliés les uns aux autres par la quête personnelle et familiale du personnage éponyme qui témoignera de l’histoire américaine de ces soixante dernières années. Jusqu’au final éblouissant.
Difficile de ne pas voir en Monica l’ambassadrice de l’auteur. Ce livre ressemble à une somme artistique des préoccupations de fond et de forme qui l’ont toujours habité, et s’il place son lego dans des situations inextricables, c’est pour mieux revisiter les genres qui ont influencé son travail et encré des milliers de pages de comic books bon marché.
De l’hommage à l’affirmation de son propre style, il n’y a qu’un petit pas que Clowes a déjà effectué. Monica est peut-être son chef d’œuvre.