La couverture de l’album inspire immédiatement l’étrange, le mystère. La punch line de la quatrième de couverture, « Une histoire horrible TERRIBLEMENT Humaine », ne laisse plus planer aucun doute : nous sommes bien en face d’un thriller.
Attention dans cet album, vous ne trouverez pas de courses-poursuites folles, vous ne verrez pas des corps ensanglantés. Intelligemment l’auteur nous suggère, sans jamais nous les montrer, les crimes qui ont été commis. Nous allons à travers cette bande de vieux copains suivre les avancées de l’enquête dans les médias jusqu’au dénouement final. Mais comme dit l’autre, ce qui compte ce n’est pas l’arrivée c’est la quête ! Alors, chapeau bas ! David de Thuin, en orfèvre de la mécanique scénaristique, réalise un polar/thriller social en analysant à la fois les mécanismes de la rumeur, de la suspicion et du doute. Il confronte ses personnages à une horreur lointaine qui, de plus en plus, s’approche d’eux, mettant à rude épreuve une amitié d’enfance. Les blagues de l’un, l’originalité de l’autre ou les repas entre potes se trouveront quasi systématiquement entachés par cette actualité morbide.
Cette ambiance pesante de très bon thriller tient également à l’opposition entre ce scénario et le dessin. Les personnages sont des animaux anthropomorphiques presque mignons dans un décor toujours haut en couleur. Les plans sont rapprochés, de telle sorte que le lecteur à l’impression de faire partie de ce cercle d’amis. Et pourtant les regards expriment pleinement les sentiments contradictoires de chacun des protagonistes.
Bref, vous êtes en face d’un album mélangeant habilement thriller, polar et critique sociale avec une audacieuse et ingénieuse originalité. Cet album, c’est un peu comme si « Les formidables aventures de Lapinot » de Trondheim rencontrait « Mon ami Dahmer » de Derf Backderf. Et ça, faut avouer que c’est une belle prouesse !