Allégorie ou revanche ? L’omniprésence de l’image rassurante de l’animal domestique dans une société où l’homme se méfie plus que jamais de son prochain semble avoir inspiré cette histoire à Matthias Arégui. À moins que ça ne soit la volonté de défendre les qualités de l’espèce canine face à la prédominance exagérée du chat… On retiendra avant tout l’humour teinté de gravité, l’outrance légère de la mise en scène et du développement de l’intrigue, la fausse naïveté comme fils conducteurs du récit. 

L’opposition entre chien et chat concerne aussi deux artistes, deux archétypes. Celui à qui tout réussit et le malheureux. La fatalité les a contraints à étudier ensemble, puis à habiter l’un en face de l’autre, dans des maisons de tailles bien sûr différentes, mais à la structure géométrique qui rappelle les dessins tirés au cordeau de Chris Ware. Évidemment, c’est la muse animale qui viendra déterminer leur puissance créatrice.

Ça fait déjà quelques livres qu’Arégui promène son toutou. Avec ce Nécromanchien habité par le dynamisme et l’expressivité du dessin, il touche l’air de rien directement au cœur, avec une pudeur et un esprit qu’on osera qualifier de politesse du désespoir.