Dans la région de Gris, saignée à blanc par les taxes qui financent une guerre lointaine, le chevalier Pierre de Brume est ramené à la vie par Marion, la guérisseuse qu'il a abandonnée il y a longtemps de ça. Tandis que la forêt s'agite et que le peuple gronde, les anciens amants sont rattrapés par le passé et la violence qu'ils ont fui toute leur vie. Gris c'est gris, il n'y a plus d'espoir. Ca ne rime pas mais c'est exactement ça. Un titre qui va comme un gant à cette bd (un comble pour une œuvre en couleur) tellement l'ambiance est moribonde. Le "héros", Pierre de Brume, revient tel un dark Robin des Bois biberonné à Korn et à The Cure dans ce titre rempli non pas de sang et de fureur, mais d'états d'âmes personnels, d'avides ambitions politiques, de peur, de colère et de misère nourries des plus basses superstitions. Ca sent le vice, ça sent le froid, la cendre et la gadoue, ça sent votre prochaine BD préférée.

De retour dans la région de Gris après des années d'absence, le chevalier Pierre de Brume découvre une situation pire que celle qu'il avait voulu laisser derrière lui. La population, éreintée de taxes, est au bord de la révolte et les autorités toujours plus corrompues. Même Marion, son amie d'enfance, est devenue une figure de la révolte et, selon certains, une sorcière. Sylvain Ferret nous plonge dans un moyen âge triste, mélancolique et étrange. On retrouve des accents du mythique "les compagnons du crépuscule" de Bourgeon avec ce récit qui navigue en drame politique et fable fantastique.