Avis des lecteurs

Aucun avis lecteur

Avis des libraires Canal BD

Tous les avis des libraires Canal BD

David, libraire chez TRIBULLES

Marseille : des dauphins sont excommuniés pour avoir envahi le port
Unicoi County aux Etats-Unis : L'éléphante Mary est condamnée à mort et pendue à une grue pour avoir écrasé la tête du dresseur qui la battait
Macédoine : un ours ayant volé du miel à un apiculteur est condamné à verser la somme 2300 euros en dédommagement

Ces anecdotes acadabrantesque sont vraies, elles ne sont, certes, pas récentes, sauf celle de l'ours qui a eu lieu en 2003, mais elles sont vraies.
Ces anecdotes macabres servent de point de départ pour le dernier album de Bande Dessinée de David Ratte qui nous raconte le point de bascule dans la vie de Jack Gilet, bourreau assermenté, spécialisé dans la mise à mort des animaux.
Ce point de bascule, c’est cette mission ; l’exécution de Mary, l'éléphante d’Unicoi County citée précédemment.
Mais avant cela nous suivrons Jack officiant de nombreuses fois pour mettre à mort poules, porcs, taureaux, chèvres, suite à leur procès. Durant son macabre road trip, Jack croisera une Amérique profonde, stupide, violente, un jeune garçon fasciné par la violence mais aussi Winifred, agricultrice, qui, profondément attachée à ses animaux, voudra venger son bouc que Jack a pendu à la demande des autorités. Cette stupidité, cette violence n'est pas l'apanage des Américains, elle se retrouve partout dans le monde, et c'est ce que dénonce David Ratte dans ce récit.

Le récit peut paraître glauque ainsi évoqué. Mais si vous le connaissez, David est un gentil, un optimiste et malgré cette violence crasse, ce manque d’intelligence, d'empathie, David nous raconte Jack et Winifred qui finalement refuseront de prolonger le cercle de la violence.

Graphiquement, on reconnait le dessin à mi-chemin entre la caricature et le réalisme expressif de David, une narration d’une fluidité sans faille, un découpage classique et limpide. Mais il apporte une nouvelle touche à sa mise en couleur réalisée pour la première fois à l'aquarelle en couleur directe. Le travail est hallucinant et montre une nouvelle fois toute l'étendue du talent de ce dessinateur hors pair qui sait dessiner des trognes comme personne, entendez par là que certains protagonistes sont laids, d’une laideur presque banale, alors que d'autres peuvent être très beaux.

En un mot comme en cent, si vous avez perdu foi en l’humanité, faites confiance aux deux David, celui qui vous conseille aujourd’hui et celui qui a écrit et dessiné la poursuite de Jack Gilet.

Publié le 10 jan. 2025