Il n’y a rien de plus doux, il n’y a pas de plus complète satisfaction de lecteur que de constater l’accomplissement d’un artiste. À peine la dernière page de la trilogie Dédales tournée que l’on crie au chef-d’œuvre ! Dans le chantier d’un american way of life à l’atmosphère évanescente, qui convoque aussi bien le fantastique que son cinéma de chevet, Burns atteint une maîtrise absolue de son langage, délesté des lourdeurs ou des scories qui pouvaient parfois l’encombrer. Même si ses obsessions – on mesure la dimension autobiographique – se retrouvent dans le cheminement fragile des jeunes adultes qui tiennent l’affiche, dans la frontière subtile qui renvoie dos à dos l’étrange et la réalité et dans l’hommage graphique rendu à Invasion of the Body Snatchers et The Last Picture Show, on reconnaît à Dédales un niveau d’épure qui force l’admiration. La simplicité formelle est une gageure. Sans doute un aboutissement. Elle permet à l’artiste d’atteindre le cœur de son sujet sans cette graisse superficielle qui peut rendre frelatés des dialogues et illisibles des pages de bande dessinée. Avec Dédales et tout en restant fidèle à lui-même, Burns s’élève à une dimension hergéenne.