Il y avait la Madeleine Wallace au nom prédestiné du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain. Il y eut auparavant les pleureuses qui, dans la Rome antique, rythmaient la procession des cortèges funéraires. Il y a désormais Carilé – anagramme de Claire – pour incarner les chaudes larmes, les ondées lacrymales, l’inextinguible ruissellement, la chiâle, quoi ! Dans ce récit qui ne cesse d’effectuer des allers-retours entre différents points, Claire Braud met en scène son propre effondrement, les blessures intimes qu’elle a récoltées en faisant face à l’horreur innommable. Elle jongle avec la linéarité, choisit l’outrance comme moyen d’expression et de projection, sonde le passé, interroge le présent et rend grâce au comique de situation aussi paradoxalement qu’elle connaît cette propension à s’accabler du malheur du monde. La Chiâle est un livre plus que singulier, il ressemble à du jamais vu. D’apparence sage dans son gaufrier tiré au cordeau, il explose de partout et nous entraîne dans le sillage de son emphase, tout proche du rire, au bord des larmes.