Bertrand Gatignol est un de ces auteurs qui sait intelligemment utiliser ses capacités pour les transposer d'un média à l'autre. Le coquin a roulé sa bosse dans l'animation mais aussi dans la BD, et on peut dire qu'il n'en est pas à son coup d'essai. On suit dans Wilder Man un ordre semblable à l'Inquisition qui chasse des humanoïdes étant en mesure de se transformer en animal, les Demonio qui se rassemblent lors d'un tournoi permettant de donner le titre honorifique de Wilder Man. On suit un de ces Demonio, Adam Wilder, qui sert d'homme de main à une sorcière à l'âge honorable en charge d'une branche... De l'Inquisition. On ne peut pas s'empêcher de penser à la saga des Ogres Dieux, sur laquelle Gatignol collaborait avec le regretté Hubert, des petits détails semblant y faire hommage de ci de là. Ou peut être est-ce nous qui voyons dans ce Wilder Man une sorte de continuité, l'univers étant plus solaire, plus joyeux, où le chagrin du deuil semble être assimilé. Bon, ça, c'est pour la partie extrapolation de l'extrême, mais reste que Wilder Man est un album où rien ne dépasse, au sens où l'expérience de lecture est d'une fluidité incroyable. Tout coule de source au fil de l'album, pas une incartade un peu longuette, des personnages attachants et présentés avec suffisamment de profondeur pour que l'on veuille en savoir plus. Bien enetndu, tout se déroule au sein d'un canevas qui fait la part belle à une fable, ou un récit de fantasy au moins, mais on a l'occasion de lire une histoire étant pile au carrefour de ce que la BD a de meilleur à offrir que ce soit franco-belge, comics ou manga. On sent bien l'expertise de Gatignol au niveau du character design, mais tout résonne de talent et d'efficacité dans ce titre, qu'on ne saurait trop vous recommander.