Le titre est sorti il y a un bout certes, mais ô combien il est plaisant de s’y plonger.
On suit les aventures du Chevalier de Saint-Sauveur, présenté en exergue de l’album comme un personnage à la moralité abjecte, coureur de jupons, briseur de réputations, enclin à quelconque magouille pour arriver à ses fins.
On a droit à un binôme 5 étoiles en les personnes de Richard Guérineau au dessin, qui a ses heures de vol dans la période historique, avec Charly 9 et Henriquet, tous deux excellents mais aussi Alain Ayroles, le plus fin lettré des metteurs en scène graphiques qui use de sa plus belle plume pour nous donner à lire plus qu’une aventure, une époque entière. Le vocabulaire est parfaitement utilisé, toujours plein d’émotions parées d’atours respectueux, comme on peut en attendre de cette époque de perruques et de fanfreluches diverses.
En plus de cela résonnent tous les ressorts narratifs d’un cape et d’épée flamboyant qui nous redonnent goût à un genre franco-français mais qui en a sous la pédale lorsqu’il est respectueusement et habilement convoqué (ce qui est bien entendu le cas ici).
Une galerie de personnages hauts en couleurs (sieur Guérineau, chapeau) aux interactions riches et aux dialogues parfaitement ciselés, pléthore de rebondissements, la qualité est telle qu’on a envie de remettre le nez dans les Liaisons Dangereuses ou l’oeil à Ridicule.
De la bande dessinée qui confine à la joaillerie, sera manant qui s’en dédit !

Cet album est également un Coup de Cœur de David et Raphaël.

La destinée du Chevalier de Saint-Sauveur, personnage à la croisée du Vicomte de Valmont et de Casanova; Un premier tome (sur trois) écrit d’une plume vive et précise et servi par un dessin remarquable. Un futur grand classique ?