Quand il s’attaque à Carcajou, Djilian Deroche s’apprête à réaliser sa première bande dessinée. Deux cents pages infaillibles plus tard, il fait partie des dessinateurs sur qui, à n’en pas douter, il faudra compter dans le futur. Il faut dire qu’il a été bien servi avec un scénario inspiré d’El Diablo. Ce dernier a imaginé un huis clos fin de siècle dans l’hiver canadien mêlant action, récit noir, humour et fantastique. Mais Carcajou est avant tout un western, un sacré bon western aux rouages certes classiques, truffé de chausse-trappes, mais un western bien équilibré dans sa construction et dans la mise en place de la temporalité des rebondissements. Soulignons que la qualité d’écriture des dialogues entre largement en compte dans le plaisir qu’on a de lire ce tumultueux Carcajou. Pour résumer : révélation dessin et mise en scène + rythme maîtrisé narration et dialogues = très bonne bande dessinée.

Un vieil indien qui cherche de l'or, un maire corrompu qui convoite les terres de l'indien et une petite bourgade canadienne qui croit un peu trop aux malédictions c'est le cocktail mi-western mi-thriller de Caracajou qui vous tiendra en haleine jusqu'au bout !

Carcajou est une œuvre qui mérite le détour pour quiconque aime les westerns sombres à la morale douteuse. Peut-être moins moderne dans son traitement graphique que l’excellent Hoka Hey de Neyef, le dessin de Djilian Deroche participe pourtant magnifiquement à la création de cette ambiance poussiéreuse des bons vieux westerns plein de charme. Les personnages sont expressifs, les scènes d’action pleines d’énergie et les moments de mystère incroyablement palpitants. Le scénario peut sembler classique, mais ne vous y trompez pas ! Il est bien plus profond que le résumé ci-dessus. L’opposition entre Carcajou et Foxton n’est qu’un prétexte à une histoire intelligemment fouillée avec des personnages ayant une vraie épaisseur psychologique. Et en premier lieu, il faut parler de ce qui est pour moi le personnage principal de l’histoire. Foxton représente vraiment le stéréotype du salaud cupide et autoritaire voulant maitriser tout et tout le monde. Le deuxième personnage principal, plus que Gus Carcajou lui-même, c’est le mystère entourant ce personnage : est-ce un homme ou un wendigo ? A la manière d’une intrigue policière, il serait vraiment dommage d’en dire plus, au risque de vous gâcher le dénouement assumé de cette intrigue. Laissez-vous embarquer dans cette aventure où la symbiose entre le dessin et l’histoire est à mon sens une des plus belles réussites de cet album.