Michel, pour des raisons aussi nombreuses qu’indiscutables, est la série de bande dessinée la plus réjouissante de et sur notre époque. Pierre Maurel a imaginé son personnage d’intérimaire alimentaire et radio-reporter de vocation comme un alter ego, un substitut journalistique de sa condition d’auteur qui ne vit pas de son œuvre. Malgré ce point de départ qui pourrait sembler pathétique, c’est l’humour qui emporte tout au fil des pages des cinq albums (dont les trois premiers sont regroupés en intégrale).

Michel gravite entre ville et campagne, de petits boulots rébarbatifs en missions dans des entreprises beurk et ne rêve que d’exercer à plein temps sa passion, le reportage en immersion, celui qui révèle la condition des exploités.

Les histoires se succèdent et de nouveaux personnages apparaissent. Ces gens, Pierre Maurel les aime à tel point qu’il n’abandonne personne en cours de route. Chacun dans cette galerie a son importance et vient avec ses forces et ses faiblesses poser sa pierre à l’édifice narratif. Michel est une comédie humaine (et humaniste) contemporaine qui pose sur le monde et d’un trait vif un regard à la fois tendre et critique, une dramaturgie qui prône en sous-main l’altermondialisme, mais sans discours de chapelle et avec un sens de la dérision qui vous flanque des fous rires carabinés. Génial !