Edin, Edith. Edin, l’asticot ; Edith l’espiègle, la merveilleuse, la sensuelle, celle qui nous fait fondre à chaque nouveau livre. Edith la joueuse, qui s’amuse avec l’idée de réincarnation, l’air de ne pas y croire vraiment, mais en y croyant quand même un peu. Surtout si ça peut nourrir une histoire…
Alors voilà, Edith a été Edin. Elle incarne ce moi, sa condition, son destin sont connus dès l’amorce du titre. Que faire avec ça ? Eh bien une magnifique bande dessinée, comme toujours avec Edith. Un livre habité, douloureux parfois, sensible jusqu’au bout des doigts engourdis par le vent glacial du nord. L’humanité d’Edith transparaît dans tous les personnages qui traversent ce récit, par petites touches, un regard, un cadrage, quelques mots. Un élan romanesque à la Légendes d’automne (le livre, pas le film) les embarquera pour une épopée au long cours.
Edith est une formidable autrice, son univers singulier se déploie à la grâce d’un dessin d’une clarté absolue (vous savez, cette simplicité si difficile à mettre en œuvre), de textes d’une écriture impeccable, mordante et ciselée, et d’un habillage de couleurs qui restitue à merveille la torpeur des étendues glacées ou la chaleur d’un foyer éclairé par un feu de cheminée.
Edith a peut-être autrefois été Edin, elle est aujourd’hui indispensable.