Une bactérie a frappé notre civilisation, elle s’est repue de chaque molécule de fer existante. Nos véhicules, nos bâtiments et même le fer contenu dans notre corps a fait son repas. Tout s’est effondré bien sûr.
Chacun tente de survivre, étant affublé d’une tare plus ou moins visible, et aucun enfant ne naissant ne semble en bonne santé et sans difformité.
C’est dans ce monde qu’évolue le Convoyeur, qui transportera quoi que vous lui demandiez, et qui honorera toujours sa parole. Il vous demandera en échange de gober un œuf à lui.

Voilà le pitch originel mené de main de maître par un binôme composé de Tristan Roulot et Dimitri Armand. Le premier est l’auteur de Hedge Fund notamment, le second de l’excellent remake de Bob Morane. Et le feeling ici s’éloigne des territoires de la bande dessinée franco-belge. La série convoque des codes du comics a maintes reprises, pour notre plus grand bonheur.

On sent une potentialité énorme à cet univers, que des questions (notamment sur les motivations des personnages, leur passé) viennent étayer avec une intelligence narrative aux petits oignons. On sent aussi l’envie de faire du
Convoyeur un creuset de plein de concepts qui envoient le pâté (pour rester poli) : le post-apo, les super-héros, des groupes de personnages hauts en couleur, du polar, et plein d’autres choses. Certains pourraient y voir un côté décousu mais à dire vrai, tout tient magnifiquement ensemble, et c’est avec un plaisir non dissimulé qu’on se demande se qui va nous tomber sur le coin de la carafe, tant une situation peut évoluer en 3 pages seulement.
Cette cohésion vient bien sûr du talent des deux auteurs, qui savent parfaitement narrer n’importe quelle situation (on se demande même si Tristan Roulot n’a pas « challengé »  Dimitri Armand à certains moments dans sa capacité à représenter les personnages et actions de manière efficace, ce qu’il réussit haut la main).

C’est le premier tome de la série, et malgré tout on en apprend énormément sur l’univers, les personnages, sans que l’album ne se borne à ça : et ce premier contrat du Convoyeur dont on prend connaissance nous met une belle claque dans la tronche.

On sent un binôme talentueux, qui a l’audace de se faire plaisir dans la création de cet univers, et le Convoyeur est une série à suivre de très près, car comme dirait l’autre, « y’a du potentiel. »

Foncez !