L’idéal Au XXIIème siècle, le Japon a fait le choix de refuser l’usage quotidien des androïdes. Ces robots humanoïdes sont légion sur terre mais le pays du soleil levant se méfie des nouvelles technologies et tente de conserver son visage d’antan. Au cœur de ce monde disparu, un couple – Hélène et Edo – vivent ensemble depuis des années. Elle pianiste de renom sent sa carrière au cœur de l’orchestre philarmonique lui échapper et lui sent son couple faner. Hélène prend alors l’initiative d’introduire dans sa demeure un clone d’elle-même jeune. Outrepasser la loi, l’éthique et la morale n’est pas sans conséquence. Un récit d’anticipation brillant, juste, intelligent et qui nous questionne sur notre humanité.

Idéal. Beau titre mais d’un emploi dangereux. Si l’on s’en tient à l’acception baudelairienne du terme, il peut facilement se retourner contre vous. À la lecture de ce livre sensuel et inattendu de Baptiste Chaubard et Thomas Hayman, on retiendra plutôt la notion de représentation qu’implique le mot, la mise à l’épreuve d’un concept, la boîte de Pandore qu’ouvrira Hélène, le premier rôle, et à laquelle elle confrontera Edo, le mari. Un autre idéal naîtrait de l’oxymore puisque le livre s’offre à une science-fiction traditionaliste : au XXIIe siècle, une île du Japon résiste encore et toujours à l’envahissement des robots. Cela explique et donne prétexte aux splendides images qui jalonnent les pages et s’inscrivent dans la manière de l’estampe. Cela ouvre également la porte aux thèmes politiques du protectionnisme et de la réaction. Enfin, il est question de retournement. Hélène, bravant les règles énoncées et scrupuleusement appliquées sur l’île de Kino, incarnera son propre idéal à la manière d’un Dorian Gray qui ferait face à un reflet cybernétique et se fondrait dans le portrait plus que celui-là se transformerait. Il faut saluer dans Idéal l’exceptionnelle maturité du jeune couple d’auteurs qui conduit son sujet avec une grande maîtrise du rythme et de l’équilibre entre les plages silencieuses et les séquences dialoguées. Un gros premier livre tenu de bout en bout, passionnant, haletant.

Japon 2160. Une pianiste introduit un androïde - copie parfaite d'elle même 20 ans plus tôt - dans son couple et sa vie professionnelle. Un pari risqué...

Un récit d'anticipation fascinant doublé d'une vraie claque esthétique !

Le mot d'Aurélie :

« Plongez-vous dans cette BD à la beauté envoutante ! Une histoire habilement menée d’un piège qui se referme… Tout ça sur fond de protectionnisme dans un Japon futuriste qui veut garder ses traditions. Juste magnifique ! »