La sortie du premier tome de Negalyod avait fait grand bruit, c’est une grosse claque dans la mouille, un hommage total à Moebius mais aussi un univers riche et époustouflant créé par Vincent Perriot, agrémenté de la maestria de Florence Breton aux couleurs, toutes en bleu et ocre. Bref, le beurre et l’argent du beurre, un classique instantané que l’on vous recommande chaudement. Et le tome 2 débarque donc, et il creuse le sillon de son prédécesseur, tout en prenant un ton bien différent dans ce qu’il montre et raconte.
Déjà, on est toujours dans la description d’un univers vaste, épique, qui est toujours aussi audacieux. Florence Breton est toujours à la palette, mais varie son vocabulaire chromatique en y ajoutant des verts d’eau, du violet, du bleu profond.
D’une pierre deux coups, l’univers entier de Negalyod bascule, et passe du désert à l’infinie étendue aquatique. Certes cela créé la surprise et la curiosité en temps que lecteur, mais a aussi le mérite de nous questionner sur les changements climatiques et notre nécessité de respecter et de vivre avec la nature.
Le ton se durcit encore, et là où la menace du premier tome était intangible, on a affaire ici à des camps antagonistes, qui n’hésiteront pas à se fritter jusqu’à la mort.
Ce qui peut être déroutant dans ce changement de ton, c’est aussi la part bien plus grande laissée à une forme d’ésotérisme, de mystique qui est un peu laissée dans le flou, oscillant entre vrai pouvoir et folie chez les personnages. On les voit fragiles, pleins de doute mais bien conscients que leur monde est sur le point de basculer, qu’il ont un rôle précis à jouer, un destin établi, et que n’importe quel biais pour en savoir plus sur eux-mêmes est bon à prendre.
On s’arrête là avant de mettre les deux pieds dans le spoil, ce deuxième tome est une immense réussite, beaucoup plus sombre mais en un sens plus intense, plus désespéré en fait mais un indispensable, tout simplement.