Rusé, Méticuleux, Organisé, Patient et Implacable. Ces adjectifs s’appliquent tant au grand méchant de ce deuxième tome qu’à ses auteurs eux-même.
Rusé, parce que rendre hommage à Sherlock est toujours un peu délicat, mais avoir le parti-pris de traiter une enquête DANS sa tête, c’est non seulement malin mais en plus inédit. Et on salue aussi ce travail de jeu de transparence et de superposition autour de l’objet « bande-dessinée » lui-même qui fait toujours son petit effet.
Méticuleux, parce que c’est bien beau d’illustrer la psyché de Sherlock, encore faut-il lui donner la sophistication nécessaire. C’est relevé haut la main. Entre certaines planches qui s’inspirent d’architecture (art nouveau ?) pour faire référence aux lieux, certaines planches qui considèrent les yeux de Sherlock comme un radar à travers lequel tout est analysé pour nous lecteur, les rouages de certaines machines qui structurent des doubles pages épiques, on peut dire que c’est dantesque et que ça en met plein les mirettes.
Organisé, car non seulement l’écrin est de pure beauté , mais la structure du récit est sans faille, menée par un fil rouge qui nous guide à travers les planches, et où les indices sont rigoureusement répertoriés (les pages de garde arrières de ce second album numérotent chacun des indices utiles à l’enquête, Marie Kondo n’a qu’à bien se tenir.)
Patient, car les deux compères ont eu l’intelligence de prendre leur temps pour nous peaufiner cette suite, qui en plus porte le suspense toujours haletant de la résolution d’une enquête. Le premier album du diptyque avait raflé pas moins de 7 prix, il était important de maintenir le niveau à défaut de proposer des sorties rapprochées, ce qui est bien joué, et qu’on salue.
Implacable car toutes ces qualités sont au service d’un diptyque qui avance tambour battant sans perdre une minute, fourmillant, riche et complexe et qui mérite plusieurs lectures pour être apprécié à sa juste valeur.
En plus de ces superlatifs et qu’on ne réserve qu’à ses auteurs ici, on citera « incroyablement gentils et talentueux », tant Cyril et Benoit sont un régal à accueillir et à rencontrer et les auteurs d’un diptyque qui, si vous aimez Sherlock dans ses livres films ou séries, il est nécessaire d’avoir dans sa bibliothèque. Pas besoin d’être détective pour s’en apercevoir.